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Évasion fiscale : Jean-Marc Sylvestre fume du belge
Faudrait que je lui demande l’adresse de son fournisseur, d’ailleurs.
J’avais déjà parlé un petit peu de Jean-Marc Sylvestre, hérault de l’économie triomphante. Ce type a assez de potentiel pour animer à lui tout seul un cours de déontologie journalistique. Mais ce matin, ce qu’il a dit m’a fait littéralement bondir. Écoutez plutôt :
L’Economie Aujourd’hui 20.05.2008
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Bon, en gros Jean-Marc Sylvestre (ou JMS pour les intimes) se plaint de l’expatriation des familles pétées de thunes, qui vont ailleurs voir si l’impôt n’y est pas. Phénomène pas très nouveau, qui s’apparente à de l’évasion fiscale. Mais là où le bât blesse, c’est quand il s’agit de mesurer les effets de ces départs sur la santé financière du pays. Dossier épineux, car si les conséquences sont importantes, on va pouvoir nous resservir le refrain du "faut pas prendre aux riches sinon y s’en vont et les pauvres y vont être encore plus pauvres et on pourra plus soutenir la dépense publique".
Reprenant le principe du plus c’est gros plus ça passe, le fabuleux JMS nous met deux chiffres côte à côte : les 2,8 milliards d’euros de capitaux que de riches familles auraient emporté avec elles, et les 5 milliards de dividendes que les entreprises publiques ont rapporté à l’État. Et JMS de nous dire que bon, c’est pas possible de laisser filer plus de la moitié de ce que rapporte les entreprises publiques vers l’étranger. Dit comme ça, ça pourrait passer pour du bon sens. Sauf que.
Sauf que jusqu’au dernières nouvelles, le capital de tout un chacun n’appartient pas à l’État. En bref, si je vais m’installer en Belgique, ce n’est pas de mon patrimoine mais bien du montant de mes impôts, de mes cotisations sociales, des TVA et autres taxes liées à mes activités que le budget de l’État se trouvera amputé. Il en est de même pour les riches familles, qui doivent certes apporter davantage que moi à l’État, mais pas une somme équivalente à leur patrimoine - ou leurs capitaux. La comparaison ne tient, il faudrait une enquête plus fouillée pour savoir quel est le préjudice financier de cette expatriation fiscale. Alors bon, du coup le raisonnement implicite de JMS, qui dit qu’en gros la moitié des dividendes des entreprises d’État est annulée par la fuite des riches, est complètement bancal.
Et ce n’est pas fini. Quelques phrases plus loin il nous dit que « si le contribuable riche lui s’en va, et bien on va avoir du mal à remplir la baignoire du PIB ». Phrase hautement énigmatique, qui semble signifier que la présente de contribuables riches (c’est moi qui souligne) augmente le PIB. Donc qu’en gros le PIB dépend des impôts versés par les contribuables. Mais le mode de calcul du PIB le plus usité est le suivant : PIB = ∑ valeurs ajoutées + impôts sur les produits - subventions sur les produits. N’apparaissent pas ici les impôts payés par les personnes (sur le revenu, ISF). Donc à moins de consommer énormément en France (donc de payer beaucoup de TVA, d’éventuellement stimuler l’activité des entreprises françaises), de toute façon le contribuable riche n’apporte pas grand’chose au PIB.
Il y a quelques autres fautes de raisonnement, notamment sur la menace des repreneurs étrangers. J’aime beaucoup la conclusion, où on nous ressert le chiffre des 2,8 milliards d’euros « d’évasion fiscale », histoire de d’enfoncer le clou. J’espère que vous ne vous faites pas prendre à ce type de discours d’autorité, et que vous gardez l’oreille critique pour cette tambouille servie quotidiennement par France Inter...
publié le mercredi
21 mai 2008 à 12h52
par Èffe
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