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« Journalisme » politique sur France Inter

Le commentaire est une activité humaine très courante. Et quand c’est avec des amis, sur le coin d’une table avec un verre à la main, j’ai rien contre. Mais quand le commentaire s’érige en pratique journalistique, c’est plus agaçant.

Hier, lors du journal de 13h, il y avait un sujet qui prenait pas mal de temps dans le journal. Le C. P. E., ce fameux (fumeux ?) Contrat Première Embauche. Bon, le présentateur fait le point (partiel) sur les manifestation et autres blocages ; il insiste bien sur les affrontements, des fois que ça ramène quelques auditeurs en plus. Patrick Boyer passe ensuite la parole au porte-micro du porte parole du gouvernement, qui répète lui-même les propos de Jacques Chirac (je sais, c’est compliqué ; mais c’est comme ça le journalisme, coco). Puis vient le temps de l’analyse politique de l’événement.

Déclaration d’intention

Là, je voudrais faire un tout petit apparté. Un apparté pour rappeler l’ambition du service politique de France Inter. Et comme j’ai du mal à la cerner d’après leurs interventions, j’ai recopié la déclaration que le service politique a noté sur son site :

« Elle passionne, elle irrite, elle désespère parfois. Mais la politique ne peut laisser indifférent. C’est de la vie de la cité, c’est de l’avenir du pays, c’est de la démocratie et du pouvoir citoyen qu’il s’agit. France Inter en rend compte en temps réel sur ses antennes. Au service des auditeurs, une équipe de cinq journalistes. Leur règle : la rigueur.

Leur objectif :

-  dégager des faits significatifs qui structurent et orientent le cours de la vie politique,
-  aller chercher derrière les discours et les comportements la réalité des motivations et des rapports de force, donner au citoyen l’information dont il a besoin pour renforcer sa liberté et le poids de sa décision. »

Là, on ne peut qu’être d’accord. Le hic, c’est que je vois pas en quoi ces déclarations d’intention cadrent avec ce que l’on entend au quotidien. Et particulièrement avec l’intervention d’Hélène Jouan hier midi. Je vous retranscris l’extrait de journal, que vous pouvez par ailleurs écouter en fin d’article.

Le texte original

« [Patrick Boyer] - Alors dans cette affaire, bien sûr, le Premier ministre joue gros, peut-être même sa carrière politique. Dominique de Villepin a mis la barre suffisamment haut, et vantant même le C. P. E. comme un enjeu présidentiel, pour qu’un éventuel échec, c’est-à-dire un retrait du texte, ne mette un terme à sa responsabilité gouvernementale. Il est le premier conscient, Hélène Jouan, de l’importance du C. P. E., et pour lui, maintenant, il faut que ça passe.

[Hélène Jouan] - C’est Michèle Alliot-Marie qui parlait d’expérience, il y a quelques jours : “ha, disait-elle, quand tout va bien, vous en avez, des amis ; mais quand le vent tourne, il vous manquent vite”. Aujourd’hui, Dominique de Villepin doit vivre intensément ce sentiment de solitude. Lui qui a décidé seul contre tous de la création du C. P. E., lui qui a cru pouvoir se passer du soutient des élus et des ministres pour être en face-à-face avec les Français qu’il croyait subjugués. Lui qui depuis toujours cache mal son mépris pour la presse qu’il ne juge pas assez admirative de sa personne et de son action, et bien lui, aujourd’hui, doit se sentir bien esseulé dans sa forteresse de conviction. Alors parce que le soutien de Jacques Chirac ne saurait suffire dans cette épreuve avec la jeunesse et la rue, le Premier ministre tente de rectifier le tir. Après avoir reçu hier des députés amis, pour les associer à la pédagogie du C. P. E., il a invité ce soir son gouvernement à dîner. Et parce que la batialle de l’opinion publique est sans doute la plus importante, le Premier ministre s’offre aujourd’hui huit pages dans Paris-Match, 8 pages de photos pour montrer qu’il est chaque minute sur la brèche mais qu’il reste zen. L’opération “sauvetage-Villepin” est en marche. »

Well, par où commencer ? Ha oui, dans la déclaration affichée sur le site de France Inter, il y a deux mots importants : rigueur et faits. Donc je regarde attentivement le texte débité par Mme Jouan, et j’y cherche les faits. J’en vois trois : 1 - Michèle Alliot-Marie se plaint de la lâcheté de ses amis ; 2 - Dominique de Villepin inviter ses ministres à dîner ; 3 - Jacques Chirac lui a apporté son soutien ; 4 - le Premier ministre est en photo dans Paris-Match. Le reste n’est que du blabla. Avec quatre informations, qui tiennent moins de dix secondes, Hélène Jouan tient plus d’une minute. Comment fait-elle ? Elle laisse tomber la rigueur. Relecture de son texte avec mes commentaires :

Le texte sous-titré

« [Hélène Jouan] - C’est Michèle Alliot-Marie qui parlait d’expérience, il y a quelques jours : “ha, disait-elle, quand tout va bien, vous en avez, des amis ; mais quand le vent tourne, il vous manquent vite”. [Tiens, ça c’est une info. Enfin, une des seules, à vous de juger si elle est digne d’intérêt] Aujourd’hui, Dominique de Villepin doit vivre intensément ce sentiment de solitude. [Ha bon ? Comment le sais-tu, chère Hélène ? Tu lui a posé la question où c’est de la transmission de pensée ?] Lui qui a décidé seul contre tous de la création du C. P. E., lui qui a cru pouvoir se passer du soutient des élus et des ministres [C’est marrant, je n’ai pas entendu beaucoup de politiques protester contre ce plan. Bon, ça ne veut pas dire qu’ils l’aient soutenus, mais jusqu’à la guerre des amendements qui a conduit à l’utilisation du 49.3, je crois que le projet de loi “pour l’égalité des chances” était largement soutenu par la majorité - donc par les élus] pour être en face-à-face avec les Français qu’il croyait subjugués. [Pareil, Hélène ; tu lui as demandé ou c’est de la télépathie ?] Lui qui depuis toujours cache mal son mépris pour la presse qu’il ne juge pas assez admirative de sa personne et de son action, [voilà une accusation bien précise, peux-tu l’étayer sur des faits ?] et bien lui, aujourd’hui, doit se sentir bien esseulé dans sa forteresse de conviction.[Bon, en fait tu es sa confidente sur l’oreiller, pour en savoir autant sur ce qui se passe dans la tête grisonnante de notre Premier ministre]

Alors parce que le soutien de Jacques Chirac [Tiens, une info] ne saurait suffire dans cette épreuve avec la jeunesse et la rue, [Et pourquoi ça ne suffirait pas ? Moi je voudrais bien savoir...] le Premier ministre tente de rectifier le tir. Après avoir reçu hier des députés amis, pour les associer à la pédagogie du C. P. E., il a invité ce soir son gouvernement à dîner. [Rhoo, une information... Mais qu’est-ce qu’elle fait là ?] Et parce que la batialle de l’opinion publique est sans doute la plus importante, le Premier ministre s’offre aujourd’hui huit pages dans Paris-Match [La dernière info. Mais il faudrait savoir, la presse n’est pas assez admirative de sa personne, où elle est à ses ordres ? Parce que là je comprends plus], huit pages de photos pour montrer qu’il est chaque minute sur la brèche mais qu’il reste zen. L’opération “sauvetage-Villepin” est en marche. [Haa, la belle formule qui ne veut rien dire. Résumons : Villepin est seul, sans amis, sans soutien des élus, des ministres, il a la rue et les jeunes contre lui, et quelques photos sont d’un coup baptisées opération de sauvetage. Je vois pas en quoi c’est une opération de sauvetage, à la limite une opération de communication. Du genre de celle qu’on espère voir reprise dans les journaux d’information. Boum dans le panneau, Hélène !] »

L’info de bistrot

Sur 1272 signes de retranscription, environ 300 signes sont de l’info. 22% d’info, 78% de commentaires de comptoir et de supputations. Moi aussi, je peux faire du journalisme politique. Il suffit d’un peu d’imagination pour tenir une minute quand on pourrait se contenter de 8 secondes. C’est encore pire qu’au bistrot.

extrait audio du journal de 13 heures - 681.9 ko

extrait audio du journal de 13 heures

publié le mercredi 24 janvier 2007 à 11h59 par Èffe


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Oui, France Inter est la radio que j’écoute. Oui, elle me tape parfois sur le système. Mais comme les autres radios sont encore moins bien...

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